Après nous avoir gratifiés d’une mémorable intégrale des trios de Ludwig van Beethoven, le violoniste David Grimal est de retour dans La Belle Saison. Le fondateur des Dissonances revient en duo avec une partenaire de longue date, la pianiste Marie-Josèphe Jude, pour nous plonger dans la France de la première moitié du siècle dernier. Distantes d’une génération, les Sonates de Claude Debussy et Francis Poulenc ont cependant bien des points communs. Œuvres tendues, contrastées, écrites chacune pendant une Guerre Mondiale, elles regardent toutes deux la mort en face : la Sonate de Debussy est la création d’un compositeur éprouvé, gravement malade, qui décèdera quelques mois après avoir joué pour la première fois son ouvrage à Paris. Vingt-cinq ans plus tard, c’est dans la capitale occupée qu’est créée la Sonate de Poulenc, œuvre grinçante dédiée au poète Federico Garcia Lorca assassiné par les fascistes.

Au côté de ces pièces, la mélodieuse Sonate posthume de Maurice Ravel exprime sa nostalgie du siècle précédent, dans un style qui rappelle le maître Gabriel Fauré. Igor Stravinsky se tourne également vers ses racines en composant dans l’entre-deux-guerres son ballet Le Baiser de la fée : créée à l’Opéra de Paris, l’œuvre rend hommage à Tchaïkovski dont elle emprunte une quantité de mélodies. Quelques années plus tard, Stravinsky tirera de son ballet un condensé pour violon et piano qu’il intitulera Divertimento.