Ils aiment plus que tout le dialogue entre le répertoire d’hier et celui de demain : le Quatuor Diotima navigue avec une aisance déconcertante entre les époques et les styles. La Belle Saison les associe pour la première fois à Tanguy de Williencourt pour un portrait virtuose de Thomas Adès. Le compositeur britannique a su créer un sillon sans équivalent dans le paysage de la création contemporaine. Iconoclaste, provocateur, Adès joue avec maestria des références au passé, à l’image de son Quintette pour cordes et piano, savant jeu d’hommages aux maîtres anciens, où se discernent les ombres de Beethoven et de César Franck. La mystérieuse et légendaire Arcadie invoquée dans son Quatuor à cordes rappelle combien, pour Adès, « Les œuvres transportent dans un autre monde possible mais conservent leurs secrets ». Sept mouvements dédiés aux paradis imaginaires exaltées par les peintres français du XVII et XVIIIe siècles, les Arcadies heureuses de Poussin et Watteau. L’intérêt d’Adès pour la culture française est ancien. Rapprocher le musicien britannique du belge César Franck rappelle tout ce que celle-ci doit aux artistes étrangers. Composé en 1879, le Quintette pour cordes et piano traduit l’essor d’une musique de chambre « à la française ». Dédiée à Saint-Saëns, créée à la Société nationale de Musique, l’œuvre assoit l’autorité de Franck, père tutélaire d’une école nationale et figure de proue d’une modernité d’où émergeraient bientôt Debussy et Ravel.