L’Art veut que nous ne restions pas à la même place”, déclarait Beethoven en songeant à son Opus 131. De fait, le compositeur plongé dans la surdité semble embarquer pour un long voyage alors qu’il s’attèle à son avant-dernier quatuor. À sa création, l’année même de la disparition du compositeur, l’œuvre suscite l’incompréhension. La cause en est sans doute cette forme étrange en sept mouvements, aux proportions inégales, et le climat d’inquiétude qui sous-tend l’ensemble du quatuor. L’Opus 131 est un foisonnement d’idées : une fugue pour ouvrir le premier mouvement, une rengaine dansante dans le deuxième, un mouvement lent aristocratique se développant en de folles variations, un Finale héroïque annonçant les épanchements du second XIXeme siècle, et au-delà.
Chez Gabriel Fauré, l’approche de l’au-delà se fait moins métaphysique, mais plus sensuelle et extravertie. On retrouve dans son Quintette Op.115 l’harmonie luxuriante, son sens de la mélodie qui ont fait les grandes heures du compositeur français. Il y superpose la vivacité folle d’un Scherzo se dispersant dans l’air comme un feu follet, sous la forme d’un petit mouvement perpétuel, et les couleurs éthérées d’un mouvement lent qui doit tant à Beethoven qu’à Mahler.