L’œuvre pour violon de Bartók est indissociable de certaines figures de musicien.n.es qui ont déterminé l’écriture de ses œuvres. D’abord Stefi Geyer, dédicataire du Premier Concerto, pour laquelle Bartók aurait éprouvé des sentiments et qui marqua, semble-t-il, pour jamais sa production violonistique du sceau du lyrisme le plus profond. Ensuite, Zoltán Székely, partenaire de Sonate de Bartók, et dont l’autorité légendaire et la force du discours ont grandement influencé le compositeur. Enfin, c’est Jelly d’Aranyi, petite nièce du grand Joseph Joachim, virtuose à l’âme tzigane jusqu’au bout des cordes, qui créa avec le compositeur les deux Sonates à Londres dans les années 1920. La variété des oeuvres de ce programme montre une véritable porosité dans la forme : alors que sous l’apparente liberté de construction des Rhapsodies se cache une structure dramatique sciemment calculée, les formes plus classiques des Sonates cèdent volontiers leur rigueur lors d’épisodes de variations. Nul doute que les esprits de la fratrie Fouchenneret, entre clarté de l’analyse et poésie de l’instant, sauront rendre à ces œuvres leur fougue primale et originelle.