Nombreux sont les points communs entre les Trios de Rachmaninov et d’Arensky: composés à deux ans d’intervalle, en 1892 et 1894, ils sont l’oeuvre de deux compositeurs mûs par les velléités de leur jeunesse (Arensky à 33 ans, Rachmaninov tout juste 18). Les deux empruntent à Tchaïkovski ; Rachmaninov va même jusqu’à renverser le motif de quatre notes qui ouvre le Premier Concerto pour Piano de son aîné, pour en faire la mélodie principale de son trio ! Arensky, lui, insuffle le rythme de valse cher à Tchaïkovski dans son Scherzo, et installe un système de rappels cycliques de mélodies dans le Finale lui aussi hérité de son mentor.
Admirée par Chostakovitch, l’oeuvre de Mieczysław Weinberg (1919-1996) quitte peu à peu l’oubli dans lequel l’antisémitisme et le soviétisme l’avaient plongée. Dense, fougueux et énigmatique, son Trio avec Piano évolue de rythmes bondissants et ricanants en élans guerriers et sauvages. Une prouesse de construction, à mettre au crédit d’un compositeur de seulement 26 ans !